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Navigation européenne pour la majeure « Enjeux et stratégies maritimes »

Deuxième appareillage hors de France des auditeurs de la 1re Session nationale de la majeure « Enjeux et stratégies maritimes ».
Escales à Bruxelles, La Haye et Rotterdam

Le deuxième appareillage hors de France des auditeurs de la 1re Session nationale de la majeure « Enjeux et stratégies maritimes » les a conduits du 28 au 30 mars à Bruxelles. Entre deux jours de réflexion au cœur des institutions européennes, une escapade le mardi 29 leur a permis de se rendre aux Pays bas, État-membre de l’Union européenne (UE) maritime par excellence qui a bâti sa prospérité sur le commerce maritime. Ils purent ainsi découvrir les grands enjeux maritimes de l’Union européenne, les politiques et les stratégies mises en œuvre pour y faire face, et comment la France coopère avec ses alliés européens, notamment dans le domaine maritime, pour construire une Europe forte et prospère.   

Dès le petit matin le lundi 28 mars, la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne (RPUE) a plongé les auditeurs dans l’atmosphère européenne en la personne du vice-amiral d’escadre Henri SCHRICKE, représentant militaire français auprès de l’Union européenne et du comité militaire de l’OTAN. Il a souligné la complémentarité de ces deux organisations dans les domaines militaires et maritimes. Il a insisté sur l’importance de bien prendre en compte les préoccupations de défense et de sécurité de l’ensemble des États membres et la nécessité d’anticiper en s’inspirant de la toute récente de la « boussole stratégique » dont la pertinence est soulignée par la guerre qui sévit actuellement en Europe. Enfin, il a montré combien les approches pragmatiques et opérationnelles l’emportaient largement sur les positions trop dogmatiques en prenant l’excellent exemple de la présence maritime coordonnée (PMC).

Le vice-amiral d’escadre SCHRICKE expliquant la « Boussole stratégique »
Federico SANTOPINTO militant pour une plus grande intégration européenne

Après avoir peaufiné leurs travaux de comite entre deux conférences, les auditeurs ont pu avoir des débats particulièrement riches en fin de matinée avec Federico SANTOPINTO, chercheur au groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) et spécialiste de l’intégration européenne dans les domaines de la défense et de la politique étrangère.

L’après-midi a débuté en fanfare avec les interventions successives de deux députés européens.  Pierre KARLESKIND, président de la commission pêche et vice-président de celle chargée de la biodiversité et de l’inter-commission Mer au sein du parlement européen a dans un premier temps expliqué aux auditeurs la complémentarité entre les légitimités de chaque grande institution européennes. Il a souligné l’importance des notions de compromis et de consensus qui constituent les piliers du « trilogue », processus de négociation interne de l’Union européenne. Puis les débats ont porté sur la pêche et le Brexit avec l’importance du bon état de l’eau et de sa gouvernance. Il a rappelé le succès de la Politique commune de la pêche (PCP) et l’importance de lutter contre la pêche illicite non déclarée et non réglementé (INN).

Pierre Karleskind répondant aux questions des auditeurs

Stéphane BIJOUX a ensuite abordé les enjeux de la zone Indo-Pacifique pour l’UE et le rôle de premier plan joué par les territoires ultramarins, notamment dans le cadre du développement par la Chine de sa stratégie des nouvelles routes de la Soie. Il a également montré à quel point ces territoires se situaient aux avant-postes vis-à-vis du changement climatique, en particulier face aux conséquences de la montée des eaux et d’événements climatiques de plus en plus nombreux et puissants.     

Stéphane BIJOUX soulignant la plus-value des territoires ultramarins

Pour clore cette journée, Théo BARBE et Paul AVRILLIER, conseillers « pêche » et « transport » de la RPUE, ont permis aux auditeurs de découvrir la bonne gestion de ces sujets par la politique maritime intégrée de l’Union, notamment comment la politique commune de la pêche a permis la reconstitution de certains stocks de poissons et leur migration. Tous ces représentants de la France à Bruxelles contribuent, chacun à son niveau, à améliorer le dialogue et la compréhension entre les échelons national et communautaire et à construire ainsi une Union européenne plus forte et plus solidaire.

Paul AVRILLIER et Théo BARBE en plein débat
Paul AVRILLIER et Théo BARBE en plein débat

Dès potron-minet le mardi 29 mars, la majeure a appareillé pour une journée sous le niveau de la mer à étudier la politique de ce pays maritime par excellence : les Pays-Bas. Accueillis à La Haye par S.E.M. Luis VASSY, ambassadeur de France aux Pays-Bas, et ses principaux conseillers, les auditeurs ont pris la mesure des fortes et souvent méconnues relations bilatérales entre la France et les Pays-Bas.

Remise de l’insigne de l’IHEDN à S.E.M. Luis VASSY

Majoritairement économiques dans le passé, ces relations se renforcent très rapidement dans les domaines de la défense et de la sécurité. Les deux pays partagent des approches et des intérêts communs et disposent de forces militaires d’excellent niveau et capables de conduire ensemble des opérations de forte intensité. Les deux tables-rondes organisées par l’ambassade ont donné lieu à de riches débats sur la politique maritime néerlandaise et ses enjeux de sécurité avec M. Lodewiik ABSPOEL du ministère de l’infrastructure, Mrs Jean-Marie STAM du Rijkwaterstaat, M. Samy OUAHSINE de la mission économique et le colonel Christian BACHMANN, attaché de défense.     

Table ronde sur la politique maritime
Table ronde sur la sécurité portuaire

Les auditeurs ont ainsi pu découvrir les nombreux points de convergence entre les deux pays. Mais ils ont surtout découvert une très forte culture de la négociation, du compromis et du consensus, symbolisé par le traditionnel « modèle polder », dont les Français pourraient s’inspirer plus souvent.

Cette longue journée s’est terminée avec la visite tant attendue du port de Rotterdam, premier port européen. Fidèle à son habitude, M. Frans VAN KEULEN, représentant du conseil de l’Autorité portuaire de Rotterdam et grand ami de l’IHEDN a réservé aux auditeurs un accueil particulièrement chaleureux et professionnel. Avec une impressionnante hauteur de vue et une parfaite connaissance du monde maritime, il a présenté les défis relevés par le port de Rotterdam, et le développement de ce hub impressionnant qui représente à lui seul plus de 6 % du PIB du pays.

Très attentive aux directives du commandant, l’aspirant Mathilde Bessac-Desserteaux, responsable de conduite de la majeure, à la barre du Nieuwe maze

Les auditeurs ont ensuite été invités à prendre la mer à bord du Nieuwe Maze pour naviguer au plus près des impressionnantes installations qui font la force de ce port en garantissant notamment le chargement et le déchargement de 34 000 navires chaque année. Après ce moment fort de la mission, les auditeurs retrouvèrent Bruxelles dans la soirée pour un repos bien mérité.  

Le troisième jour de la mission a permis d’approfondir plusieurs domaines stratégiques de la politique maritime intégrée (PMI) de l’Union européenne.

Une première table ronde sur la coopération structurée permanente (CSP) a rassemblé Arnaud MIGOUX du service européen pour l’action extérieure (SEAE), l’ingénieur général de l’armement Yves CALÉCA et François DUPONT de naval Group. Sans méconnaître la fragmentation trop importante en Europe de l’industrie de défense et les difficultés liées à la durée des processus d’appel à projet, ils ont souligné les importants progrès réalisés en quelques années dans le domaine capacitaire, notamment avec le fond européen de défense (FED).

Table ronde sur la coopération structurée permanente
Table ronde sur la stratégie de sûreté maritime de l’UE et son plan d’actions

La deuxième table ronde sur la stratégie de sureté maritime de l’UE (SSMUE) et son plan d’action a rassemblé Giovanni CREMONINI du SEAE, Christos THEOPHILOU de la DG Mare et le vice-amiral (2s) Jean-Marie LHUISSIER, consultant spécialiste de l’UE. Les débats ont mis en évidence le caractère planétaire de risques et de menaces croissants dans le domaine maritime (piraterie, pêche illégale…) et la nécessité pour l’UE d’avoir une politique de sûreté maritime incluant des zones aussi lointaines que l’Indo-Pacifique. Pour ce faire, une action commune des États-membres inspirée par la boussole stratégique s’impose. Elle nécessite d’accroître la présence maritime commune (PMC) en s’appuyant sur un meilleur partage de l’information dont le projet CISE (common information sharing environment) doit être la clé de voûte.

Félix LEINEMANN, de la DG MARE et grand ami de l’IHEDN, a ouvert l’après-midi pour présenter la nouvelle approche de l’UE pour une économie bleue durable. Il a notamment insisté sur la nécessité d’une planification spatiale des espaces maritimes pour assurer une cohabitation harmonieuse d’usagers de la mer de plus en plus nombreux, en particulier depuis l’exploitation d’énergies marine renouvelables. 

Felix LEINEMANN exposant la planification spatiale des espaces maritimes

Éric MAURICE, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman a ensuite animé un débat sur la répartition des partis politique au sein du parlement européen avec la place, l’implication et le rôle des Français au sein des différentes institutions de l’UE. 

Éric MAURICE expliquant la place des Français au sein des institutions européennes

Enfin, Geneviève PONS, Directrice générale d’Europe de l’Institut Europe Jacques Delors a clos ce séminaire avec brio en présentant aux auditeurs la mission Starfish 2030 destinée à maintenir, protéger et restaurer les milieux aquatiques. Elle a mentionné les trois volets, scientifique, économique et d’action extérieure, du plan de mise en œuvre validé par la commission européenne. L’objectifs ambitieux impliquant tous les citoyens consiste à construire une Europe exemplaire et montrant la voie avec, à terme, une économie bleue « zéro pollution et totalement décarbonée. L’une des premières étapes est la réalisation d’un jumeau numérique dans lequel l’entreprise française Mercator Océans est en première ligne.

Geneviève PONS expliquant le projet Starfish 2030