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La création des « trinômes académiques » ou une nouvelle impulsion donnée à l’enseignement de la défense par l’Union-IHEDN

Épisode 3 Le 8 décembre 1987, la présentation des rapports présentés par l’Union des associations des anciens auditeurs de l’IHEDN (UA-IHEDN) instaure les « trinômes académiques » en associant les ministères de la Défense, de l’Éducation nationale et l’UA-IHEDN.

Quelques années auparavant, un premier protocole d’accord avait été signé le 23 septembre 1982 sur la corvette Montcalm, au mouillage en baie de Cavalaire entre Charles Hernu et Alain Savary en présence du chef d’état-major des armées et des chefs d’état-major de chaque armée. Comme le rappelle le préambule du protocole « l’éducation est un acte global qui n’est pas réductible aux activités scolaires, l’esprit de défense est une attitude civique qui n’est pas limitée aux activités militaires ». Une affirmation qui fait directement écho à la politique d’ouverture des sessions régionales aux représentants de l’enseignement primaire, secondaire et technique. Une organisation déconcentrée au niveau des académies est prévue sous l’autorité d’un recteur, ce dernier assisté de l’autorité militaire territoriale et du président de l’association régionale de l’IHEDN. Ce dispositif suscite dans les mois qui suivent une vive réaction à gauche. Le danger d’embrigadement des jeunes est pointé, comme celui de mélange des genres. « L’école antichambre de la caserne ? », interroge Alain Rémond dans Télérama… Une mobilisation qui n’est sans doute pas étrangère à la faiblesse des résultats enregistrés dans les années qui suivent.

Le dispositif est donc relancé en 1987. Trois comités sont réactivés, se souviendra Louis Quinio, alors président de l’UA-IHEDN : « A, pour les documents pédagogiques ; B, pour la formation des enseignants en matière de défense ; et C, sur l’enseignement de la défense à l’école. » Innovation importante, on demande alors à l’UA-IHEDN de s’impliquer et Quinio devient coprésident du troisième groupe. Cette implication des anciens auditeurs va probablement jouer un rôle important dans la mise en route effective du système. Elle permet en effet de sortir du tête-à-tête entre l’Éducation nationale et la Défense et de répondre à l’accusation de militarisation de l’école puisque la majorité des anciens auditeurs est constituée de civils.

Les rapports rédigés par chaque comité sont présentés le 8 décembre 1987. Ils proposent une « organisation originale, décentralisée au niveau des académies, associant les trois autorités, le recteur, le responsable militaire territorial et le président de l’association régionale de l’IHEDN. Chacune désigne un représentant chargé de la mise en œuvre des actions de formation. Ces trois représentants constituent le ‟trinôme académique” en fonction de trois principes : la notion de défense prise dans son sens global (militaire, civile et économique), une participation active des associations d’anciens auditeurs de l’IHEDN, une déconcentration au niveau des académies. Un programme général de vingt-huit thèmes est établi. Il traite de la géopolitique et de la défense globale, civile et militaire. Les conférences seront faites par des professeurs spécialisés, des officiers d’active ou de réserve, des fonctionnaires et des [anciens] auditeurs de l’IHEDN bénévoles ».

Du 15 au 20 février 1988, les vingt-cinq trinômes constitués initialement sont réunis pour un stage de formation. Durant l’année scolaire suivante, 53 opérations sont réalisées, donnant lieu à 84 conférences, et touchant 2 643 enseignants. En 1995-1996, ce sont 96 opérations qui ont lieu, avec 292 conférences et 106 visites, profitant à 4 000 enseignants au total. Entretemps, un nouveau protocole a été signé en 1989, puis en 1995. Cette mise à jour aura lieu par la suite selon un rythme décennal (2007, 2016). Imaginés à l’heure de la Guerre froide, les trinômes auront vu leur raison d’être renforcée par son dénouement, qui a provoqué la suspension de la conscription, décidée en 1996, effective en 2001.