Ils ont ainsi pu débattre successivement avec plusieurs personnalités de haut niveau impliquées dans ces enjeux internationaux : Emmanuel PUISAIS-JAUVIN, Secrétaire général aux Affaires européennes, Jean-Vincent HOLLEINDRE, du centre Thucydide (Panthéon – Assas), le général de brigade (2s) Frédéric PESME et S.E.M. l’Ambassadeur de France Alain LEROY. Les auditeurs ont ainsi pu mesurer la complexité de ces enjeux internationaux et mieux comprendre le positionnement de la France dans cet environnement.
Après cette journée de théorie sur les enjeux internationaux, le gros temps soulevé par la bourrasque des grèves n’a pas empêché les marins de la majeure « Enjeux et stratégies maritimes » d’appareiller pour les Hauts-de-France où les attendait à Dunkerque leur pilote, le capitaine de vaisseau Jean-Louis MARCOUREL, qui y commande la Marine. Avec son équipage, il a guidé les auditeurs pendant tout leur chenalage des vendredi 10 et samedi 11 mars entre les ports de la côte d’Opale.
Les auditeurs ont ainsi successivement fait escale à Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer pour étudier les grands enjeux stratégiques pour la France liés aux ports et à l’exploitation des produits de la mer. Le très grand nombre d’acteurs qui se côtoient et s’affrontent parfois dans les espaces maritimes particulièrement exigus de la Manche et de la mer du Nord, engendrent des difficultés de sécurité et de planification de leurs activités d’autant plus cruciales que les enjeux liés à l’immigration illégale et au Brexit accroissent les inquiétudes et les tensions. Éléments clés du réseau sanguin de l’économie, les ports français se situent ainsi au cœur de la résilience et de la souveraine de la France.
Maurice GEORGES, président du directoire du grand port maritime de Dunkerque (GPMD), a lancé tôt la journée en présentant aux auditeurs sa stratégie pour faire face aux grands enjeux auxquels est confronté le GPMD dans un contexte de forte concurrence internationale. Cette stratégie est fondée sur la complémentarité entre les deux piliers de son activité, le transport maritime irriguant les activités industrielles conçues dans une approche d’économie circulaire.
Le capitaine de vaisseau Jean-Louis MARCOUREL a ensuite présenté les grands enjeux de défense et de sécurité de la Manche et de la mer du Nord, zones maritimes particulièrement exiguës et très fréquentées situées à proximité du Royaume-Uni, destination très convoitée par de nombreux immigrants clandestins.
La visite guidée du GPMD par Dominique LAMMIN, chargé des relations publiques, fut une excellente illustration de la présentation faite par son président de directoire. Les auditeurs ont ainsi pu voir la concrétisation de la stratégie mise en œuvre par le GPMD pour saisir les opportunités de l’économie bleue et faire face avec détermination à la concurrence des ports étrangers en s’appuyant sur une anticipation remarquable et sur un atout foncier exceptionnel.
Après un déjeuner offert par le GPMD pendant lequel les auditeurs ont pu échanger avec l’ensemble des membres du conseil de surveillance du GPMD, ils ont mis le cap sur Calais où ils furent accueillis dans les infrastructures flambantes neuves du port par la sous-préfète Véronique DEPREZ-BOUDIER, accompagnée d’Hervé DERACHE, directeur de zone de la police des frontières (PF), du commandant de police David BETHEGNIES en charge des services frontaliers et de Benoit ROCHET, directeur général du port Boulogne-Calais.
La table ronde qui a suivi sur les enjeux de sécurité du port de Calais a permis aux auditeurs de mesurer l’ampleur des enjeux liés à l’immigration illégale. Ils ont découvert à quel point ce drame humain, touchant une population d’une grande précarité prête à risquer sa vie pour traverser la Manche, n’épargne pas les agents de l’État. Ces derniers faisant face à cette situation avec un professionnalisme, un dévouement et une humanité qui forcent l’admiration.
La visite du port conduite par Benoît ROCHER a parfaitement illustré la façon exemplaire dont la sûreté, les formalités douanières et sanitaires ont pu être assurées tout en préservant la fluidité de passage des personnes et des marchandises indispensables au maintien de l’activité économique.
Le samedi, branle-bas dès trois heures du matin ! Les auditeurs étaient en effet attendus à la criée de Boulogne, par Gildas DUBOIS, chef de service de la Marée et directeur de la criée du plus grand port de pêche de France en volume.
Après avoir admiré les poissons fraîchement pêchés dans la nuit, les auditeurs ont assisté à une criée des plus moderne, totalement informatisée, où la technologie a réduit au silence la pittoresque frénésie d’antan.
À l’issue, ragaillardis par le traditionnel petit-déjeuner boulonnais et sa dégustation des produits de la pêche du matin, les auditeurs ont été entraînés par Gildas DUBOIS à travers la Capécure, appellation traditionnelle du port de Boulogne. Cette visite du premier centre européen de transformation de produit de la mer – environ 300 000 tonnes par an – regroupant 140 entreprises, les a définitivement convaincus de l’importance stratégique pour la France du secteur de la pêche.
La deuxième partie de la matinée s’est déroulée dans la très belle enceinte de la Communauté d’agglomération du Boulonnais (CAB) mise à disposition des auditeurs par son président, Frédéric CUVILLIER. Une table ronde passionnante portant sur les grands enjeux de la pêche a réuni Thierry MISSONIER, directeur de From nord, Gildas DUBOIS avec Yvan GUITON, directeur adjoint délégué à la mer et au littoral. Les auditeurs ont ainsi pu disposer de l’ensemble des éléments expliquant l’importance du secteur de la pêche dans les négociations du Brexit entre l’Europe et la Grande-Bretagne.
Pour finir cette longue matinée particulièrement riche, Jean-Michel THILLIER, directeur interrégional des douanes des Hauts-de-France et coordonnateur national Brexit pour la douane française a présenté en visioconférence les grands enjeux du Brexit et la « frontière intelligente » inventée et mise en place avec succès par les douanes françaises. Cette « frontière intelligente » a permis à la France d’être au rendez-vous de la résilience et de maintenir les flux de marchandises et de passagers tout en assurant les formalités douanières et sanitaires imposées par le Brexit.
Pour conclure ce séminaire, les auditeurs ont consacré leur après-midi à restituer leurs travaux de comité devant leurs camarades et, surtout, le Général de Corps d’Armée Benoît DURIEUX, directeur de l’IHEDN et de l’Enseignement supérieur et Guillaume LASCONJARIAS, chef du département des Études et de la recherche de l’IHEDN qui les avaient rejoints pour l’occasion.
Il est certain qu’après ces deux jours particulièrement denses sans beaucoup de place pour les heures de sommeil, une bonne nuit récupératrice, souvent entamée sur le trajet retour vers leurs pénates, sera nécessaire aux auditeurs pour attaquer frais et dispo leur prochaine semaine de travail.
