Tôt le vendredi matin, la majeure a accosté aux Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, l’un des leaders mondiaux de la construction navale de croisière et, surtout, chantier en charge de la construction du futur porte-avions nucléaire français de nouvelle génération, le fameux PANG. Cette visite a permis aux auditeurs de découvrir ce chantier emblématique dans lequel ont été construits les porte-avions Foch et Clémenceau, et d’où le cuirassé Jean-Bart a appareillé en 1940 dans des conditions rocambolesques. Ils ont été accueillis par Laurent CASTAING, directeur général du groupe.
Lors des entretiens passionnants sans langue de bois avec ce dernier, les auditeurs ont été impressionnés par l’excellence de l’ingénierie et des processus de construction qui, par la maîtrise de la complexité et de la technologie, confère au groupe cette productivité exceptionnelle. Les plus grands paquebots du monde sont ainsi construits en moins de trois ans. Ils retiendront également la dimension stratégique des Chantiers de l’Atlantique pour la France, les efforts impressionnants consentis par toute la filière de la croisière en matière de décarbonisation et de protection de l’environnement, mais aussi les difficultés rencontrées par l’industrie française, notamment pour recruter et fidéliser les talents nécessaires.
Ce fut ensuite la présentation du programme porte-avions de nouvelle génération par Olivier de SAINT-JULIEN, de Naval Group et président de MO-PA, en duo avec Hugues MARTEL, responsable du projet aux Chantiers de l’Atlantique. Les auditeurs ont ainsi pu prendre conscience de ce chantier pharaonique, stratégique pour la souveraineté de la France et requérant les compétences de la quasi-totalité des grands industriels de la BITD française.
Une table ronde sur les énergies marines renouvelables (EMR) a ensuite réuni Antoine MONTEILLET, responsable Façade Atlantique de Skyborn France, Frédéric GRIZAUD, directeur « Business Unit Energies Marines » des Chantiers de l’Atlantique, et Steven CURET, président GE WIND FRANCE SAS. Ont été approfondis tous les volets politiques, économiques, techniques et administratifs de ce secteur d’activité désormais en plein essor après un départ difficile en France. Les débats ont permis aux auditeurs de découvrir l’extraordinaire dynamisme de la filière des éoliennes offshores dont les impressionnantes perspectives étaient encore insoupçonnées il y a encore quelques années. En effet, à l’encontre des idées reçues, elles sont désormais capables de produire sans subvention de l’électricité à un prix très compétitif et constituent sans doute une partie de la solution au défi climatique.
Après ce premier cycle de conférences, les auditeurs ont pu visiter cet immense chantier naval disposant des plus grandes infrastructures d’Europe comme la gigantesque forme de montage de 900 mètres de long ou le pont de levage d’une capacité de 1.400 tonnes. La première halte fut au pieds du démonstrateur « Solid Sail » où les attendaient Emeric LACROIX, ingénieur spécialiste du projet.
Ils se sont ensuite sentis bien petits à côté du paquebot « Utopia of the Seas » en construction dans la forme. Mais c’est certainement la visite du navire de croisière « MSC EURIBIA », prêt à naviguer, qui leur a fait prendre conscience du défi relevé : construire un tel navire en si peu de temps.
Après un rapide déjeuner les auditeurs ont mis le cap vers le pôle national de formation de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Les auditeurs y ont été accueillis par son président, Emmanuel de OLIVEIRA, et Didier MOREAU, le directeur de la formation. Tant sur les plages qu’au large, environ 8.000 personnes par an sont secourues par cette association de bénévoles portant haut la solidarité des gens de mer. Une heure de débat avec les auditeurs a permis à ces derniers de mesurer l’engagement de ces sauveurs bénévoles, ce qui ne les empêche pas d’être de véritables professionnels grâce à la formation particulièrement rigoureuse dont ils bénéficient et aux diplômes d’État qui leurs sont délivrés.
Lâchés à la barre de canots de sauvetage pour sauver un naufragé, les auditeurs n’ont pas tardé à réaliser la difficulté de la tâche ; heureusement il s’agissait de simulateurs.
Pour clore cette visite à Saint-Nazaire, les auditeurs ont pu visiter une vedette des garde-côtes de la Douane accostée à proximité et bénéficier des explications d’Arnaud PICARD, adjoint au directeur des douanes garde-côtes Manche Mer du Nord et auditeur de la session nationale précédente de l’IHEDN, concernant les missions de ce grand acteur de l’action de l’Etat en mer. En décembre, les auditeurs avaient déjà eu la chance de visiter un avion « Beechcraft » des douanes sur la base de Lann-Bihoué.
Les auditeurs ont alors repris la route de Nantes, mais la journée n’était pas terminée car ils eurent droit à une dernière réflexion sur les grands enjeux de la biologie marine, domaine dont l’importance stratégique est encore trop souvent méconnue. En effet Gwenaël BAUDIMANT, président directeur général du groupe de laboratoires Phosphotec et auditeur de la majeure avait organisé un dîner-débats sur le sujet. Les auditeurs ont ainsi réalisé les extraordinaires potentialités de la biologie marine, en particulier dans le domaine pharmaceutique, et l’opportunité dont bénéficie notre pays avec son importante zone économique exclusive, sous réserve de l’exploiter elle-même et de ne pas se la faire piller par d’autres.
Après un repos bien mérité, les auditeurs ont appareillé le samedi matin dès potron-minet vers le Technocampus Océan de Nantes où les attendait Didier BESNARD, conseiller du président du CEA[1] et auditeur de l’IHEDN. Les auditeurs ont ainsi pu découvrir l’extraordinaire dynamisme de la recherche dans le domaine maritime, mais également l’écosystème particulièrement vertueux mis en place par la région des pays de la Loire. Le CEA Tech y joue un rôle moteur peu connu de soutien aux entreprises au cœur d’une organisation décloisonnée permettant une synergie exceptionnelle entre l’État, le monde universitaire et les entreprises.
Pierre SERRE-COMBE, de la direction des programmes énergie du CEA, et Masa KAGEYAMA du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement CEA-CNRS se sont joints à Didier BESNARD pour animer une matinée de débats particulièrement riches avec un feu nourri de questions des auditeurs.
[1] Commissariat à l’Énergie Atomique.
Les auditeurs ont ensuite consacré leur après-midi à une étude de cas conçue par le docteur Zivile KALIBATAITE du département « Études et recherche » de l’IHEDN. Il s’agissait pour les auditeurs de préparer un arbitrage à soumettre au président de la République en conseil de défense à l’horizon 2030, chaque auditeur jouant le rôle d’une autorité partie prenante : SGDSN, ministre, chef d’état-major, grand industriel de défense…
Après deux jours de débats intenses et de visites passionnantes, les auditeurs ont rejoint leur port d’attache en ayant déjà hâte de se retrouver lors du séminaire de clôture.