Le général de division aérienne Vincent Breton, directeur du Centre interarmées des concepts, doctrines et expérimentations, livre une analyse stratégique et opérative d’ensemble. Soulignant le retour de la guerre de haute intensité en Europe, sur sept champs et terrains de conflictualité (terre, mer, air, espace, cyber, informationnel et électromagnétique), il note aussi un retour de la rhétorique nucléaire.
Il insiste plus particulièrement sur le champ informationnel : “La bataille de l’information est absolument décisive dans cette guerre, l’Ukraine est très impressionnante sur ce point et nous donne une leçon. La stratégie de communication ukrainienne est absolument remarquable et cible très concrètement trois publics, trois audiences.
D’abord, elle cible le peuple ukrainien et ses soldats pour les galvaniser et renforcer ce que l’on appelle les forces morales. Ensuite, elle cible l’opinion publique occidentale pour renforcer l’empathie et s’assurer un soutien massif de l’Occident, car il est déterminant. Enfin, elle cible les Russes, notamment pour démobiliser les soldats. Les Ukrainiens sont très forts pour se moquer des soldats russes sur les réseaux sociaux, pour les faire passer pour de piètres soldats, et ainsi leur faire perdre confiance.
Pour ce qui est de la stratégie de communication russe, elle est un échec en Occident tellement elle est outrancière, mais ce n’est sans doute pas le but. En revanche, la stratégie d’influence russe est très efficace vis-à-vis du reste du monde. Je rappelle que les dirigeants de plus de 50 % de l’humanité soutiennent ou refusent de condamner la Russie. Il est clair que le monde n’est pas allié sous l’Occident et ne pense pas comme nous, et nous devons en avoir pleinement conscience.”