Dans cet entretien, Maxime Audinet, chercheur à l’IRSEM, explique à quoi ressemble l’écosystème d’influence informationnelle russe et dresse un bilan des sanctions européennes destinées à limiter sa portée. L’influence informationnelle russe est dominée par l’État mais ne se résume pas à des structures étatiques. Trois catégories d’acteurs, directement rattachés au Kremlin ou plus ou moins autonomes se distinguent : les acteurs étatiques russes comme la chaîne RT ou Sputnik ou les organes de communication rattachés au ministère des Affaires étrangères ou aux ambassades ; les acteurs non-officiels, auxquels l’État russe délègue une partie de ses fonctions régaliennes en matière d’influence ou d’usage de la force afin de perfectionner ses opérations opérationnelles ; et des acteurs tiers étrangers. Les efforts de désinformation menés par ces acteurs visent à modifier les perceptions et jeter le discrédit sur l’information et le paysage médiatique en général. Il s’agit d’alimenter un régime de post-vérité dans lequel s’effacerait la hiérarchie entre vérité et perception.
Maxime Audinet, Expressions par Montaigne, Institut Montaigne, 3 septembre 2024.