Y a-t-il une rationalité économique à ce que des entités politiques puissent choisir la voie de conflits destructeurs plutôt que celle de l’échange mutuellement profitable et de la coopération ? L’économie de la défense s’est constituée pour répondre à cette question fondamentale, restée longtemps dans l’ombre des travaux des « pères fondateurs » de l’économie. À ce titre, elle met en évidence la « part rationnelle » des conflits, même si ceux-ci peuvent engendrer des coûts humains, économiques et écologiques considérables. Elle montre aussi que les compromis se concluent très généralement « à l’ombre des armes ». Aujourd’hui, c’est l’ensemble des interdépendances commerciales, financières, technologiques, humaines qui peuvent être manipulées à des fins géopolitiques. Face à ce spectre large de menaces, l’économie de la défense et de la guerre propose toute une gamme de raisonnements, d’outils d’évaluation et d’analyse pour aider les pouvoirs publics à bien dimensionner l’effort de défense, pour inciter les forces armées et les industriels de l’armement à la performance, pour élargir la base d’innovation et se préparer si nécessaire à une économie de guerre.
QUINET Alain, Paris, Economica, 2023