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Le GCA Durieux : “Il faut réfléchir à la guerre en Ukraine, pour éviter d’être surpris par une nouvelle bascule du monde”

Chacun se rappelle ce moment où, le 24 février 2022, il a appris la nouvelle de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Quelqu’un vous l’a appris ou bien vous avez regardé votre téléphone, mais quel que soit le moyen, vous avez été saisi. Vous avez eu du mal à le croire.
IHEDN | Le GCA Durieux : “Il faut réfléchir à la guerre en Ukraine, pour éviter d’être surpris par une nouvelle bascule du monde”

CETTE GUERRE N’ÉTAIT PAS IMPRÉVISIBLE

Avant le 24 février 2022, qui aurait imaginé que, un an plus tard, en Europe, on compterait plusieurs centaines de milliers de tués et de blessés, des villes détruites, des dizaines d’avions de combat abattus, des navires de guerre coulés et que, même, des menaces d’emploi de l’arme nucléaire seraient proférées ou au moins sous-entendues ? Qui aurait imaginé que quatre états membres de l’Union Européenne seraient frontaliers avec un pays en guerre, agressé, lui-même candidat à l’adhésion ? Qui aurait imaginé que, au fond, nous, Français, aurions la guerre à nos frontières si nous prenons au sérieux l’idée européenne ?

C’était invraisemblable et pourtant, nous pouvons en convenir, ce n’était pas imprévisible. Une surprise stratégique, ce n’est pas un événement qu’on n’a pas su prévoir. Une surprise stratégique, c’est un événement qu’on n’a pas voulu voir.

On ne veut pas voir parce que, souvent, la décision de faire la guerre nous parait irrationnelle et pourtant elle est prise par un acteur dont la rationalité nous échappe. On ne veut pas le voir parce que nous sommes nous-mêmes prisonniers de nos passions, de nos préjugés et de nos intérêts. Pour voir la guerre comme ce qu’elle est, un phénomène peu rationnel et rarement linéaire, il faut, en réalité, être extrêmement rationnel.

Nous avons été surpris une fois ; si nous ne voulons pas être surpris une deuxième fois, si nous ne voulons pas être surpris par une nouvelle bascule du monde d’ampleur encore supérieure à celle du 24 février, il faut constater, il faut étudier, il faut réfléchir, il faut déduire.

LA FRANCE, UNE CAPACITÉ DE RÉFLEXION STRATÉGIQUE UNIQUE EN EUROPE

Depuis un an, c’est ce que font les officiers du ministère des Armées, les généraux comme les capitaines, les chercheurs civils, les docteurs et les professeurs, les centres de doctrine des trois armées, l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM), les écoles de guerre, le Centre des hautes études militaires ou l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI). Ces organismes représentent une capacité de réflexion stratégique unique en Europe.

Et depuis un an, ils observent le déroulement des événements, ils comparent les analyses, ils exploitent les sources de renseignement ouvertes comme les renseignements plus confidentiels ; depuis un an, ils interagissent avec des chercheurs français et étrangers, ils participent à des conférences internationales avec nos partenaires et nos alliés. Depuis un an, ils examinent, chacun dans leur spécialité, cet événement tentaculaire dans sa dimension tactique et stratégique, civile et militaire, européenne comme mondiale.

Et c’est bien là, le cœur de la mission de l’IHEDN : « Comprendre pour agir, se comprendre pour agir ensemble ». Nous invitons à réfléchir à ce conflit pour éviter d’être surpris par cela même qui se dessine sous nos yeux grands ouverts.

Vos opinions, vos analyses, vos réflexions comptent. La défense nationale, c’est-à-dire la défense dans toutes ses dimensions civile et militaire, est l’affaire de tous. Alors emparez-vous-en, exprimez-vous et continuez à réfléchir. Car cette guerre est aussi une guerre des idées.