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L’ADN 2025 se penche sur les ruptures stratégiques

L’édition 2025 de l’Année de la Défense Nationale, ouvrage de référence coordonné par l’IHEDN et incluant plus de 20 analyses fondées sur des textes officiels, est en librairies.
Soirée de lancement de l'Année de la Défense Nationale 2025 - IHEDN

La deuxième édition de l’Année de la Défense Nationale (ADN) est arrivée ! Dirigé par le général de corps d’armée Benoît Durieux, docteur en histoire et ancien directeur de l’IHEDN, coordonné par le Département des études et de la recherche et édité par la Documentation française, ce tour d’horizon des ruptures stratégiques contemporaines couvre l’ensemble des champs de la défense militaire et nationale, et de la sécurité nationale et internationale. L’ouvrage est destiné à un public large : des professionnels de ces milieux, mais aussi des étudiants ou de simples citoyens souhaitant mettre à jour leurs connaissances sur ces questions d’une actualité brûlante. La spécificité de l’ADN est que toutes les analyses se fondent sur un texte clé : un texte officiel ou un extrait de discours par exemple.

En guise d’aperçu, voici un coup de projecteur sur quatre contributions tirées de cette nouvelle édition.

Dans son article, le colonel Sébastien Botheron revient sur l’Opération Sagittaire. Cette intervention des forces armées françaises menée du 22 au 27 avril 2023 a eu comme objectif d’évacuer les ressortissants nationaux coincés au Soudan à la suite de l’initiation d’un conflit civil dans le pays. Le colonel Botheron se base sur son expérience de chef de corps ayant commandé le volet tactique de l’opération au Soudan pour opérer un retour d’expérience chronologique.

Trois critères devaient guider l’action de la France : une parfaite neutralité ; une extrême rapidité ; et une empreinte au sol la plus faible possible. Au final, la France a, avec succès, évacué ses citoyens et tenu son rôle de nation-cadre en ouvrant la voie à ses partenaires. La principale conclusion tirée par le colonel Botheron est la suivante : quelles que soient les formes que prendront les guerres de demain, celles-ci comporteront forcément un engagement au sol, parmi les populations. La préparation à ce type d’opérations est cruciale.

Dans sa contribution, Julia Grignon, professeure d’université spécialisée en droit international humanitaire et directrice scientifique de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), s’intéresse à la focalisation sur les blocus et les sièges opérée par le Manuel de droit des opérations militaires. Cette publication de la direction des affaires juridiques du ministère des Armées donne l’interprétation que font les forces françaises du droit des conflits armés. Bien que le siège ne soit pas une méthode de guerre interdite en tant que telle, ses conséquences peuvent mener à d’importantes violations du droit international humanitaire.

Détenir une définition précise de ce phénomène permet ainsi à l’armée française d’anticiper les défis qui y sont attachés. Julia Grignon énonce que la publication en anglais à venir du Manuel permettra de diffuser auprès d’un large public international la pensée juridique française en matière de droit applicable lors des conflits contemporains ; en particulier auprès d’autres armées nationales, d’acteurs humanitaires ou encore du milieu académique.

Dans son texte, Alix d’Armaillé, ingénieure agronome d’AgroParisTech, se penche sur un point parfois négligé : l’impact de l’invasion russe de l’Ukraine de 2022 sur la sécurité alimentaire dans le monde. La guerre entre ces deux puissances agricoles mondiales a fortement influencé la capacité de nombreux États à se procurer suffisamment de ressources céréalières pour nourrir leurs populations. Alix d’Armaillé montre que l’agriculture peut, de manière préoccupante, être instrumentalisée à des fins de pressions politiques en périodes de conflits armés. L’auteure met également en lumière le défi posé par la crise à l’Union européenne (UE). L’organisation est tiraillée entre d’un côté le désir de favoriser les importations de produits agricoles ukrainiens dans le but soutenir économiquement le pays et, de l’autre, la nécessité pour les États membres de prioriser leurs productions nationales.

Dans leur article, Sepideh Farkhondeh et Clément Therme, spécialistes du monde iranien, reviennent sur l’attribution en 2023 du prix Nobel de la paix à Narges Mohammadi, figure de la contestation populaire en Iran. Le prix a été décerné après les importantes manifestations d’automne 2022 causées par la mort de Mahsa Amini sous les coups de la patrouille des mœurs iranienne pour « port inapproprié de la tenue islamique ».

Les auteurs arguent que la puissance du mouvement tient notamment à l’effondrement idéologique du régime iranien à l’intérieur de ses frontières ainsi qu’aux échecs économiques de la République islamique. La principale conclusion est que les stratégies de restauration autoritaire ne pourront contrer sur la durée une contestation populaire dont Narges Mohammadi est aujourd’hui l’une des figures les plus emblématiques.

Retrouvez l’intégralité de ces contributions, et bien d’autres encore, dans l’Année de la Défense Nationale 2025, Institut des hautes études de défense nationale et Documentation française, 202 p., 24,90 € (papier) ou 17,99 € (numérique).

Revoir le débat stratégique du lancement de l’ADN 2025 :