Défense de l’Europe : harmoniser la réponse capacitaire
Comité 1
Si l’on considère l’Europe comme une entité géographique, sa sécurité collective repose sur les deux piliers que sont l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan), une alliance politico-militaire tournée vers la défense collective de ses membres et l’Union européenne (UE), un partenariat politico-économique qui a élargi son action à la sécurité de son territoire et de ses populations. Dans un contexte géostratégique et politique en évolution (Brexit, pivot asiatique des États-Unis, crise sanitaire mondiale…), les perceptions qu’ont les États européens de la défense de l’Europe sont multiples, d’autant que leur appartenance à telle ou telle organisation et leur histoire post-Seconde Guerre mondiale sont différentes.
Ce rapport s’efforce de montrer qu’il est important, au-delà des divergences, de faire se rapprocher les Nations autour des enjeux fondamentaux et complémentaires que sont la convergence euroatlantique d’une part, et la promotion de l’autonomie stratégique européenne, d’autre part.
Si la relation entre l’Otan et l’Union européenne est ancienne et normalisée, les conditions pour coordonner les efforts et rationaliser les moyens entre les deux organisations restent cependant à renforcer, afin de doter les États européens d’outils de défense mutuellement profitables à l’Otan et à l’UE.
Ce rapport fait des recommandations pour accorder les volontés de l’Otan et de l’Union européenne dans le domaine capacitaire et lancer les bases d’un nouveau cadre de coopération permettant de développer une autonomie stratégique européenne.
La défense étant un domaine de souveraineté par excellence, une évolution des processus, une amélioration de la coordination, une rationalisation des besoins ou encore une simplification de l’acquisition sont autant de clés du succès pour construire la défense de l’Europe. Une approche pas-à-pas s’appuyant sur les dynamiques déjà existantes, qu’elles soient opérationnelles avec l’Initiative européenne d’intervention (IEI), politiques avec le changement climatique ou technologiques avec les domaines cyber et spatial, permettra que les États consentent les efforts nécessaires au défi de l’harmonisation capacitaire entre l’Otan et l’UE.
Les travaux de ce rapport se sont appuyés sur de nombreuses conférences, une bibliographie complète ainsi qu’une trentaine d’entretiens avec des responsables politiques, militaires, industriels, académiques et de la société civile en Europe et aux États-Unis.
Ces travaux ont également été éclairés par des échanges avec l’École Eisenhower de l’Université de la Défense nationale de Washington.