Revenir à l’École militaire pour un ancien auditeur de l’IHEDN garde toujours une certaine saveur, celle de la « madeleine de Proust » d’une session – véritable parenthèse enchantée – consacrée pour les uns à la politique de défense ou, pour les autres, aux enjeux maritimes, à l’armement et l’économie de défense, au cyber ou à la sécurité économique. Aussi, y revenir pour le lancement d’une nouvelle publication intitulée l’Année de la Défense Nationale (ADN), le jeudi 7 décembre, sous le double timbre prestigieux de l’IHEDN et de la Documentation française, fait figure d’un retour à la source : celle précisément de l’« ADN » de l’IHEDN qui est de réunir autour des questions de la défense et de la sécurité nationale un panel d’acteurs militaire et civil de la société française, le plus diversifié possible. C’est aussi un événement d’édition rendu possible par le soutien de la Direction de l’information légale et administrative (DILA).
Le nom de baptême de ce premier numéro annuel, ADN 2024, est en l’occurrence bien choisi car il s’inscrit, selon les propos introductifs du général de corps d’armée Benoît Durieux, directeur de l’IHEDN et président de l’Académie de défense de l’École militaire, dans la vocation de l’Institut de porter un regard critique mais aussi prospectif sur les bouleversements du contexte stratégique opérés depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022. C’est tenter de dépasser par la rigueur d’analyse la simple description du temps présent pour anticiper les nouvelles formes de conflictualité et contribuer à diffuser plus largement la vocation de l’IHEDN, qui est de « comprendre pour agir ».
Très concrètement, l’ADN 2024, pour sa première édition, livre une nouvelle grille de lecture de la chronique des événements de l’année 2022. Cette grille a pour première qualité de ne pas être datée. En effet, la revue s’organise autour des quatre thématiques composant le cercle concentrique de la défense et de la sécurité nationale (défense militaire, défense nationale, sécurité nationale et sécurité internationale). Pour chaque article, elle décline une analyse en trois points (contexte, analyse, perspective), qui permet au directeur des études de l’IHEDN, Guillaume Lasconjarias, de proposer au lecteur une projection des événements sur les années à venir, qu’il s’agisse des leçons militaires de la guerre en Ukraine, des répercussions de cette « opération militaire spéciale », l’ordre international ou encore la stratégie de défense au prisme du climat.
UNE CONFÉRENCE EN GUISE DE MISE EN BOUCHE
Leurs auteurs respectifs, le général de division aérienne Vincent Breton, directeur du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE), Isabelle Facon, directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique et Nicolas Regaud, conseiller climat du Major général des armées, sont revenus sur la bascule stratégique que l’année 2022 tisse pour les décennies à venir, à travers la mise en œuvre de la boussole stratégique européenne, de la stratégie militaire générale exposée par le chef d’état-major des armées devant la représentation nationale, ou encore des négociations internationales sur le changement climatique.
Pour passionnante qu’elle fut, cette conférence de lancement n’était qu’une sorte de mise en bouche, un appel au lecteur à se plonger dans un spectre bien plus large de réflexion composé de 19 articles thématiques ayant trait à l’OTAN, la stratégie de la France en Afrique, le cyber, la revue nationale stratégique et, sans être exhaustif, le rapport annuel au Parlement sur les exportations d’armement de la France.
Comprendre les orientations stratégiques dans un monde en recomposition, voici l’ambition de cette ADN 2024 éditée sous la direction du général Durieux et préfacée par Jean-Marie Guéhenno, président du conseil scientifique de l’IHEDN, avec toujours ce sentiment intact que l’on ressort des bancs de l’École militaire toujours plus passionné, sinon intelligent !
Jean Pouch, membre de l’AA-IHEDN, auditeur de la 2ème session nationale et président de la 75ème promotion « Politique de défense »